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Mwanza
8 octobre 2008

Le serengeti et Tyson

C'est à peine acclimaté aux particularités de la vie africaine que nous devons déjà nous préparer pour notre première expédition en terre sauvage : le Serengeti ! Le départ est fixé à l'aube. Enfin, le matin. La jeep se présente devant les grilles de la propriété de nos hôtes. Elle est grande, elle est blanche avec un liseré rouge, elle est celle qui nous conduira dans des contrées inexplorées, on l'adore déjà. Du véhicule sort le chauffeur : nous n'aurions pas pu l'inventer nous-mêmes, il s'appelle Tyson et il est bâti comme le Jérôme de Willy Vandersteen. On comprendra plus tard que c'est grâce à sa façon très particulière de faire des pompages que sa musculature impressionnante s'est développée.

CYR_013__Medium_Bon, nous, on est super excités, on a l'air de petites abeilles qui s'agitent autour de la ruche pendant que les bagages sont savamment rangés dans notre vaisseau. Enfin, le moment de partir est arrivé ! Les adieux à Jean-luc sont déchirants, chacun y va de son mot d'encouragement pour qu'il ne se sente pas seul pendant notre longue absence. Les plus hardis promettent de lui ramener un os de girafe à ronger. Nous nous installons à bord, chacun sur notre siège près d'une fenêtre, jumelles dans une main, appareils photos dans l'autre.

Le silence de la mécanique est véritablement impressionnant... pas un bruit ne filtre du compartiment moteur. « New battery ! but problem... », ça on le voit !
- « Push ! push the car ! » assène notre bien-aimé chauffeur qui commence déjà fort mal sa carrière parmi nous.
- Ah oui? Et ça va être comme ça pendant 4 jours?

On finit quand même par partir et nous regardons défiler le paysage en imaginant mille et une scènes de chasse cruelles où des prédateurs aux crocs menaçants se disputent une carcasse avec de fourbes charognards.

Serengeti2_001__Medium_Il faudra encore un peu patienter car nous nous arrêtons dans une bourgade sur une route bordée d'une multitude d'échoppes où s'agglutinent d'improbables chalands. Ceux-ci disputent la place à un nombre impressionnant de professionnels aux métiers divers et variés : réparateur de pneus, assistant réparateur de pneus, observateur de l'assistant réparateur de pneus, maraîcher, vendeur de cacahouètes, de bananes, de sprite, etc.
Là, nous perfectionnons nos premiers mots de Swahili : « Hapana, asante » (que l'on peut traduire par « non merci »). Il faut dire qu'on ne se sent pas très malin enfermés à l'intérieur de notre grosse jeep blanche équipée de grandes vitres.
Tout aussi mystérieusement réapparu qu'il a disparu, revoici Tyson.
- « Tyson hungry » que nous traduisons par « quand j'ai faim, je m'arrête sans rien vous dire, je vais manger et je reviens si je veux ».

Nous n'allons pas nous formaliser pour autant, surtout que nous sommes aux grilles du parc ! L'excitation, déjà palpable depuis ce matin, monte d'un cran. Le toit panoramique est ouvert et, tels les officiers de quart sur la passerelle d'un sous-marin, nous sommes tous les 6 debout à observer les alentours à la recherche d'une anomalie qui trahirait la présence d'un animal.

Serengeti2_077__Medium_Et là, c'est festival ! Des guépards nous gratifient de leur trot chaloupé en venant s'abreuver dans une flaque à quelques mètres de la voiture. Des girafes nous observent du haut de leur 5 mètres, des hippopotames nous ignorent alors que nous sommes à pieds, le long de leur rivière et que nous constituons une cible de choix. Toute la journée n'est que « wouaw ! Ohhh ! Dingue... ». Tout cela passe bien vite et il est déjà temps de rejoindre notre campement (car nous avons décidé de dormir sous tente pour être plus proche de la nature et de ses habitants).
Les poissons achetés ce matin et que nous trimbalons ficelés au pare-choc sont détachés et confiés aux bons soins du cuisinier qui, manifestement, se nourrit d'autres aliments que ceux qu'ils cuisinent et le rendent d'une humeur particulièrement positive.

Les tentes sont dressées et après un excellent repas nous nous préparons à passer notre première nuit en pleine savane.
Tant qu'il y a encore un peu d'activité dans le camp les moins téméraires en profitent pour se laver les dents car plus tard le danger sera trop grand et il sera extrêmement hasardeux de sortir de sa tente... d'autant plus qu'à quelques mètres un buffle rumine tranquillement son herbe. La fatigue a raison de notre inquiétude et seul Cyrille (qui doit avoir l'ouïe plus fine que n'importe qui d'autre) a entendu des phacochères près de lui. Marie aussi a entendu des grognements mais bon... elle dormait dans la même tente que Bert, Sonny et Geoffroy.

Serengeti2_059__Medium_Un peu chiffonné mais plus riche d'une expérience nouvelle, nous reprenons la route et nous changeons de décor. Du Seronera nous passons au Lac Ndutu, là où se rendent des millions d'herbivores pour s'abreuver, là où les prédateurs savent qu'ils trouveront pitance, là où la végétation est luxuriante... à la saison des pluies. Aujourd'hui le paysage est plutôt lunaire mais quel paysage ! Et la journée est loin d'être perdue. Indifférente, une famille de lions nous snobe, des guépards, encore, nous offrent toute la beauté de leur grâce. Alors que certains préfèrent les chimpanzés, d'autres les léopards, les cochons sauvages, les oiseaux ou Jean-Luc, j'avoue avoir un méchant faible pour ces sprinters.

Notons que cette journée fut aussi l'occasion pour Célia d'exprimer toute la puissance de sa personnalité lorsque Tyson a tenté de forcer un barrage d'éléphants. Ceci dit, il s'est rattrapé en roulant sur la queue d'un lion et en lançant un écrou sur la tête d'un varan...

Une nuit dans un lodge ! U vrai, en dur avec une douche et de l'eau chaude. Il ne nous en faut pas plus pour nous garder de très bonne humeur d'autant plus que le bar est accueillant et l'apéro autour du feu de camp ravive chez certains des souvenirs de scoutisme depuis longtemps enfuis. Tandis que Cyrille passe sa soirée avec ses amibes, les rescapés du groupe ont la chance d'avoir deux genettes pour égailler leur soirée.

Serengeti2_114__Medium_Ce sont des chacals qui passent au petit matin devant nos bungalows qui seront nos premiers animaux de la journée. Mais notre esprit est ailleurs, on nous a promis un léopard !
Et il est là... facile à repérer, il suffit de voir 5 voitures autour d'un arbre et, à moins qu'il ne s'agisse d'une espèce extrêmement rare d'hippo grimpeur, il y a fort à parier que le félin s'y trouve. Bien heureux que nous sommes, le pacha nous gratifie d'un bâillement. Ooooh. Je fais le blasé. N'en croyez rien, car c'est vraiment une belle bête.

De toute façon, il vaut mieux en profiter car l'après-midi nous réserve un déluge d'eau que l'on imaginait seulement possible un 21 juillet. Après avoir roulé à vive allure pendant 3 jours, nous obligeant à redoubler de vigilance pour observer la faune, Tyson décide qu'il est grand temps de nous démontrer son acuité visuelle en débusquant toutes sortes de lions cachés par des branchages et un rideau de pluie.

P1000699__Medium_De guerre lasse, nous rentrons au campement qui, pour l'occasion, s'est transformé en cité lacustre... Il faut tous les talents de négociateur de Cyrille pour arracher au G.O. une tente sèche dans laquelle 4 d'entre nous pourront dormir collé-serré. Les 2 autres trouveront refuge dans l'une des tentes restée sèche grâce aux bons soins du HCR qui nous a fourni des bâches.
Cette nuit, le danger rôde sous la forme d'hyènes affamées. Elles nous encerclent, elles nous frôlent, nous obligeant à trouver refuge derrière les grillages ... Leur rire énigmatique nous glace d'effroi. Renversant les poubelles, on les entend par ici... on les entend par là... Gasp !
La nuit est agitée, des cris d'animaux luttant pour leur survie nous parviennent.

Le lendemain matin, on se compte tous afin de vérifier que personne ne manque à l'appel car non loin de notre « camping » nous avons enfin notre scène de chasse : oui, des lionnes se disputent une carcasse de buffle avec des hyènes venues en nombre pour espérer profiter des restes de ce festin.
Observant également la scène, un autre buffle ne parvient pas à se décider à vider les lieux. Qu'espère-t-il ? Il est de toute façon trop tard pour son ami dont, déjà, la moitié du corps manque...

Quelques tours de roues encore et il est temps de quitter cette fantastique réserve. Que vous dire encore de ces étendues sans fin, de ces couleurs incroyables, de ces troupeaux d'innombrables zèbres, gazelles, gnous et damalisques ? Alez-y !!!!

P.S. ils nous ont marqués aussi : le daman des rochers, le renard-aux-oreilles-de-chauve-souris, la mangouste et le marabout.

P1000647__Medium_

Geoffroy

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Commentaires
W
Personne n'évoque les rapaces du Ndutu Lake, c'est navrant ! Je pensais vous avoir refiler le virus.
H
Merci à Eric T. pour ce récit évocateur, j'y étais l'espace de quelques instants...et j'ai beaucoup souri. Et merci aussi à Tom B. et au Marquis de S., vous lire adoucit le choc du retour...
R
sans oublier :<br /> -une souris et des rouge-gorges à l'endroit du pique-nique<br /> -un singe à couilles bleues voleur de tartines<br /> -3 babouins érotomanes: 2 sodomites et 1 praticien de l'onanisme<br /> -et 2 biches dans la jeep
G
Le pire dans tout ça, c'est tout de même, quand ce tyson dont le droit est aussi lent que le gauche a décidé de continuer à petit-déjeuner alors que les 98% du camp avaient déjà détalé pour aller mater la boucherie à 300m de là. Je me souviens avec le sourire aux lèvres de l'instant où tous installés dans la bagnole, la Baronne a décidé d'appuyer sur le klaxon pour secouer la masse musculaire du chauffeur au cerveau de varan. Quel paumé !
R
Et les dik dik de Kirk !<br /> Celles qui nous regardent de leurs grands yeux noisette du bord de la route.<br /> Celles qui engueulent notre chauffeur bourru.<br /> Toutes celles qui nous font fondre, quoi...<br /> <br /> Joe, tu fais résonner de la plus belle façon un "n'oubliez pas le guide" dont assurément on se souviendra. Assante,
Mwanza
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