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Mwanza
18 février 2008

In child's eyes

Dans la classe, 50 élèves, 60 peut-être, à quatre par banc. Tous en chœur « Good morning Sir », levés dans une fraction comme un seul homme. Cette fois ils la bouclent, sages et attentifs. Mais dans d’autres circonstances, ils sont pires que tes peurs, ils sont ce rêve où tu te balades nu en pleine rue, la honte tatouée sur le front. La plupart du temps, ils te fixent dans la rue, la main tendue et la moquerie aux lèvres et parfois planqué derrière la clôture, tu évites les bouts de bois qui tombent sans raison dans ta direction. Tu te demandes si ils ne détestent pas te voir là avec ta grosse baraque, tes belles fringues, ta manie de laisser le garde dormir sous la pluie et de lui amener plein d’empathie une assiette remplie de nourriture comme on donne l’écuelle au chien. Le pire c’est que parfois tu te sens généreux à filer la moitié d’un quart de shilling à un lépreux dans la rue, tu te sens généreux, pauvre toi. Eux, les gosses, tu ne peux pas leur en raconter des salades, vertes ou pourries, tu leur vendras rien, ils portent la mémoire sur le dos comme la terre rouge dans leur sang. Ah tu te crois fort d’être là, ah oui t’es curieux, tu vois le monde toi, tu rampes dans le sable du développement, il glisse de tes mains comme les miettes de ton cerveau, oh oui t’es super, un gars ouvert en somme, bientôt tu iras voir les gorilles, tu les prendras en photo, tu feras un safari et tu regarderas les hyènes la bouche ouverte et l’œil en grand angle. Non mais qu’est ce que tu crois, qu’ils vont t’embrasser et te courir derrière en te remerciant d’être venu jusqu’ici avec tes airs de communiant. Si j’étais toi, je ne la ramènerai juste pas trop, je la jouerai profil bas, je me ferai petit, discret et poussiéreux. Et puis si c’était possible, je commencerai à arrêter de croire que je suis un aventurier plein d’assurance, parce que t’es juste rien de moins qu’un couillon avec une paire de jumelles sur le front.

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Commentaires
B
c'est drôle, en lisant ça je me dis qu'un étranger pauvre en France doit ressentir le même rejet.l'argent en moins bien sûr mais c'est tout à ton honneur de ne pas jouer les colonialistes, par contre je crois que tu vas te prendre une grosse claque en revenant, aussi.<br /> <br /> bisous
D
C'est vrai que c'est la rage d'avoir la super baraque avec gaz central et wi-fi 5MB alors que dehors ça rame sec. C'est compliqué évidemment; même si cela ne mérite sans doute pas des bouts de bois à la figure. <br /> <br /> Puisque vous avez de l'espace, profitez-en donc pour inviter les différents amis que vous rencontrez au fil de vos journées. Cela la rendra chaque fois plus sympa votre maison.<br /> <br /> Par contre, un truc pas sympa du tout c'est cet horrible rêve dont tu t'es malheureusement mis à parler. C'est bête pcq maintenant je sais que je vais me le reprendre à nouveau dans les nuits à venir. Cet horrible cauchemar qui me fait me rouler en boule dans ma couette et me provoque des sueurs froides sans fin jusqu'au réveil.
R
T'as raison Champion... reviens.<br /> Non, attends... j'arrive. Tu peux préparer une deuxième écuelle.<br /> <br /> Petite Sagesse du 18 février : Le spirituel ne peut jamais être atteint tant que le matériel n'a pas disparu. (Swami Vivekananda)<br /> <br /> Take it easy, don't stop givin'
F
Frappant de vérité, cognant!!
Mwanza
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