Kampala
Des rues droites qui descendent avec devant chaque devanture de magasin, un homme, une femme parfois en armes, mitraillette au poing ou fusil à pompe dans le dos. Ici devant le Mall, celui où, heureux comme un enfant, l'on s'assied pour regarder les rayonnages disparates mais rayonnages tout de même, là devant le distributeur de billets, une grosse flaque de sang, épaisse et dense, encore chaude. La ville est réputée calme, l'on comprend pourquoi, les balles sifflent en silence dans les nuits fauves où les prostituées et les macs arpentent chaque coin de tabouret dans les bars filets à gogo. Les grandes villes africaines, bondées, serrées, miroir aux alouettes des campagnes faméliques... nus pieds sur les trottoirs les moins chanceux échouent avec dans l'âme le souvenir d'un idéal planté au coeur comme un hameçon dans la gueule béante d'une perche tirée d'un univers aquatique par la force d'une volonté invisible.