J-7

Ca y est !

La maison est vide, les déménageurs ont tout raflé.

Dans une semaine on aura levé le camp laissant derrière nous une année et demi de vie. On nous demande souvent ce qui va nous manquer, on nous demandera aussi ce qu’on en aura retiré, l’expérience toujours et encore a éprouver, comprendre et retenir.

Parmi ce qui ne va pas nous manquer :

La justice personnelle, le regard hébété des gens dans la rue quand il croise un blanc en ville alors que nous sommes des centaines a Mwanza, l’odeur du plastic brulé, les fourmis légionnaires, les collègues endormies, les types qui se curent le nez en toute décontraction, l’absence de challenge, le manager de l’Isamilo Lodge, les troupeaux de vaches, les omelettes aux frites, le supermarché indien et ses demi-tonnes derrière le comptoir, les miniers sud-af avec leur bière dans une main et une pute dans l’autre, la location du bateau de Bill a 150 dollars de l’heure et aucun poisson au bout de la ligne, tous ces gens avec qui nous ne sommes pas ami et qui prétendent l’être juste parce qu’ils sont comme nous des expats, être un volontaire, les pages blanches et le manque d’inspiration, les problèmes intestinaux, devoir en permanence lutter contre des bactéries, des virus, des fatigues chroniques, employer des gens, les payer une misère, devoir négocier avec eux tous les trois jours, être un blanc en Afrique, réaliser que nous n’avons rien apporté et que l’entrée et le plat principal arriveront toujours en même temps mais froids, que les gens continueront a être pauvres, que les femmes continueront a se faire exploiter, que les mecs continueront de se gratter les couilles en attendant que le temps passe.

Parmi ce qui va nous manquer :

Le soleil, les plaines du Serengeti, les couchers de soleil sur le lac Victoria, Jean-Luc, Le sourire de Haji, celui de Mecky aussi, Tony, ses plats et sa gentillesse, Fabian, nos parties de squash, nos discussions profondes en dépit d’un anglais de charretier, Protas, Savera, la Tanzanie c’est eux finalement, les collines d’Isamilo, les martins-pêcheurs bleus dans le jardin, certains collègues, les joggings matinaux, pépère, la maison et son sol froid, le sable dans le jardin, marcher pied nu, les plats indiens, la douceur de vivre, l’absence permanente de stress, d’angoisses, la disparition de la rentabilité, de la performance, la musique de Bonge, la voiture pourrie de Tony, jouer au foot en plein soleil, les crêpes de la pizzeria, le temps, l’avoir pris et l’avoir adopté, la petite Molly le matin, les soirées en plein air, les midis a deux, le travail a deux minutes a pied, la Tanzanie et ses contradictions, sa vie dense, les perches du Nil au bout de la canne, la chaleur lourde, les cloches de l’école, les promenades, le corner bar, les rues, les chants du muezzin, les gens qui marchent avec des ballots sur la tête, les lézards, gros couillon malgré lui et malgré nous, une partie d’une vie qui est allée plus vite que prévue, elle nous a fatigué souvent, lassée parfois mais étonnée aussi, demain, dans un an ou plus tard encore, on pourra dire ce qui nous manque vraiment, la pour l’instant ce ne sont que des idées vagues, des petites idées qui se courent les unes derrière les autres en recherche de vérité mais rien n’est plus faux ! Sauf Jean-Luc évidemment.

Comments

[Cyrille]

Oui ca nous donne envie de rentrer Halle. Mais la ce soir apres un apero sur les rochers de Capri Point avec le coucher de soleil immuable sur le lac Victoria a regarder les milans bruler l'air entre le ciel et l'eau, une certaine nostalgie deja nous envahit... Et que dire de demain, rien mais toutefois. We gonna miss you Mwanza !

[Halle Berry]

Elle va me manquer aussi un peu votre maison à Mwanza. Une bouffée de nostalgie m'envahit à la lecture de la prose de Cyrille :-) Merci encore pour votre accueil là-bas!
Bonne route mes amis et à bientôt à Paris ou Bruxelles...Imaginez : une soirée où on jouerait à Célébrités et où Joe raconterait ses meilleures blagues...ça vous donne pas envie de rentrer ?!

[Cyrille]

On sera sur paris des le 20 aout ! Tiens toi pret africain.

[balthazar]

youps, ben c'est pas pour tout de suite alors, par contre, si vous me trouvez un tourneur....
en ce moment je passe plus de temps derrière un ordi et un micro, cet été je réalise mon premier album, mais pas pour moi, pour une chanteuse...et ensuite, le mien avance, d'ailleurs il aura quelques connotations Africaines, si j'ai besoin d'un consultant.....

oubliez pas de me prévenir quand même quand vous êtes dans le coin

[Cyrille]

On viendra te voir chanter !