La Banda
Tu fais chauffer l’eau avant de te lever et de laisser couler un filet d’eau sur ta nuque fatiguée. Et ce n’est pas la pluie qui tombe dehors qui brisera l’onde de chaleur qui s’étend sans distinction. Tu vas dans la maison principale manger plus que de raison avant d’arpenter les petites rues rouges encore humides et croiser le flot des passants silencieux qui d’un coin de l’œil t’observent perplexe ou amusé. Les femmes portant sur le crâne des fagots importants, pendant que les hommes, le regard droit et fier, s’abandonnent à la méditation assise, les enfants boules à zéro sans distinction sexuelle marchant doucement vers l’école. Au-dessus de toi planent les milans, ceux que tu prenais pour des aigles le premier jour. Quand le soleil pointe depuis la terrasse de la banda surgissent des crevasses et des interstices de pierre des dizaines de lézards qui dodelinant de la tête cherchent à boire les rayons comme des fontaines. Il y en a deux nocturnes qui logent dans la salle de bain, ce sont tes alliés contre les moustiques, tu leur donneras un nom bientôt, comme la chienne Simba qui dort sur le perron et te fait la fête quand tu te lèves. Tu vis dans les collines de la ville, mais elle en contrebas, allongée sur trois axes principaux a des allures de vestige colonial, clairsemée de maisons de couleur à la peinture décrépie. Elle est assez jolie et plus belle que ce que tu pouvais imaginer. Quand la nuit tombe sur ta maison ronde et que les hurlements des chiens résonnent des quatre coins de la ville pour s’unir en un chant sourd, tu as conscience de ne rien connaître mais tu t’endors quand même avec une certitude.