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Mwanza
25 août 2008

La méditation aquatique

J’ai dans le cœur un lac centenaire qui apaise ma conscience et l’éclaire. Il est né dans les montagnes de l’enfance, les alpes maternelles. Il scintille et en lui ricochent les galets de la petite insulaire. Déjà les genoux nus et la coupe au bol, son mystère m’enveloppait, ses couleurs changeantes et ses sauts de poissons briseurs de surface m’enjouaient. Là haut assis au bord des lacs de la Madone des Fenestres, les trois baignoires géantes, une quiétude de vie me gagnait, là-haut dans les lacs d’altitude j’apprenais à aimer la lenteur et la profondeur d’une vie contemplative.

Ensuite il y eut les rivières tumultueuses de l’adolescence, leurs crues et leurs sillons secs, les fleuves sales de la vie de jeune adulte et les mares stagnantes de la dépression dont le coassement des grenouilles n’était plus qu’une lente et longue obsession. Mais à chaque fois il suffisait de ranimer du fond de l’âme la brillance d’un lac calme et dense. Il suffisait de l’évoquer allongé sur son lit, assis sur un banc d’université ou au cœur d’une cour récréative pour éteindre les lumières folles du quotidien. Il a évolué au long des années, il est devenu rouge lac d’Anayet, turquoise lac Powell, parfois même il s’est mis à parler à voix basse à Ivato ou à lancer des prophéties dans le Verdon.

Partout et à chaque instant l’eau soulage, incarnée dans l’aquarium ou dans pièces d’eau décorées de koï, dans une vasque en Thaïlande, une armée de poissons chats ou des truites affamées, des brèmes géantes ou des tanches en apnée, dans chaque élément d’eau, de vie, de silence et de vide, je retrouve la force de l’enfance, j’imagine m’enfoncer dans le lac, marcher jusqu’à son centre, hurler des bulles, frapper le sol, lever des alluvions, creuser des branchies dans mon cou et renaître à la surface.

Au bord de Victoria, la mue continue, la mue régénère de son horizon plein. Le rocher comme fauteuil et devant les vagues. Ci et là un paquet de verdure où niche un héron blanc, plus loin des martins pêcheurs qui piaillent en vol statique avant de plonger la tête la première, là haut sur un roc suspendu un aigle pêcheur et dans la profondeur de ses eaux, oh mon dieu dans sa profondeur… il réside une source de sagesse, un monde où le passé revit et se transforme avec les visages disparus qui tournent comme des shoals, le lac les réanime. Le moine le disait, le lac reflète le soleil. Et il ne brûle pas l'iris.

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Commentaires
N
magnifique...ca me rappelle des souvenirs...gros bisous des trois kouffinets et vive l'eau alors!!
Mwanza
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