Souvenirs de Belle-Maman
Note de l'auteur: Les parents de Célia sont venus nous rendre visite en Tanzanie, de retour en provence ils vous livrent quelques-uns de leurs souvenirs marquants. PS: ce jour nouvel album photo Serengeti Famille
Impossible grasse matinée
Vous qui toute la semaine rêvez de cette délicieuse matinée, vous l’attendez telle une gourmandise, une jouissance sans pareille, la liberté de s’étirer à l’heure choisie, ce samedi matin … enfin !
Ici à Isamilo cette délectation n’existe pas.
On les entend dès 7 h ; leurs cris montent crescendo ; ils ne souffrent pas mais la peur n’est-elle pas une souffrance ? On pourrait s’habituer à ces cris et finir par reconnaître chacun d’eux. Que se passe-t-il à 5 mètres de nos fenêtres ? Cette débandade de cris humains et animaux ; ces supplications ultimes avant et pendant l’activité du grand jour. Ce samedi matin qu’ils doivent sentir arriver et appréhender ; on finirait par les prendre en pitié ; et pourtant, cet inévitable, cet indispensable rituel, cette messe du samedi matin, ils pourraient mourir si elle n’existait pas.
Dehors, j’en ai compté 32 qui savent parfaitement ce qui les attend. Tenus en laisse par leur maître, déjà ils ont l’œil et l’aboiement suppliants. Du petit de 2/3 mois à l’adulte, ils tirent sur leur corde. Pas question de rivalité entre eux, le seul souci c’est cet instant tant redouté.
C’est un mauvais moment à passer pour cet ami de l’homme qui nous en rendrait grâce s’il savait que cette douche bienfaitrice lui permettait de vivre plus longtemps en bonne santé. Ces soins prodigués par la main de l’homme pourraient peut-être être effectués avec plus de douceur mais ici, la vie est dure et on n’a pas le temps de s’apitoyer. Au fond de la fosse, les hommes les aspergent du produit désinfectant. Ce produit irritant rend l’œil brillant et larmoyant. Tous ces chiens ressortent penauds mais propres comme des sous neufs…… en attendant samedi prochain.
Trois concerts à Stone Town
Le premier, pendant le repas au Stone Town Café. L’artiste, invisible, activait son organe en vocalises quelques peu incongrues : Crissements de pneus à la Starsky et Hutch, sirène de police, miaulements de chats, jappements de chiens. On espérait le chant de mezzin mais il fallait attendre 5 h du matin pour imaginer qu’il criait ses prières dans la salle de bain, tellement il nous semblait proche. Nous l’avons cherché mais, dans la nuit, il restait invisible, peut-être qu’en plein jour nous aurons la chance de le dénicher le ménate farceur !
Notre poulet chips avalé d’autres musiques nous attendaient vers la plage. Autour d’un feu digne d’un camp de scouts, le tam tam et les conserves’s percutions nous ramenèrent par la pensée chez nous en Provence lors des fêtes de village.
Deux guitares et un pianiste nous entraînèrent avec plaisir dans les années 70. Les deux chanteurs et la voluptueuse danseuse animaient avec bonheur l’ambiance du bar. Le ballet des serveurs au T-shirt noir à l’effigie du bar dansait autour de nous dans une joyeuse et souriante ambiance. Ce soir nous testerons le restaurant en terrasse du Livingstone qui, vu l’abondante fréquentation, semblait de bonne facture.
Les trompe-la-mort
Conduire un véhicule quel qu’il soit sur les routes de Tanzanie relève de l’exploit. Après chaque croisement d’un autre véhicule on est tout surpris de retrouver le rétroviseur à sa place. Face à face, tels deux cerfs dominants en rut, les deux véhicules se testent et, au dernier moment, chacun reprend sa place à gauche. Les ornières et nids de poule sont évités par miracle, le piéton et le vélo qui semblent faire un écart sont vivement klaxonnés.
Voyages, Voyages
Tout comme le malade, sa vie est entre les mains du chirurgien qui l’opère, prendre l’avion en Afrique, c’est mettre sa vie entre les mains d’un seul homme : le pilote. Sur les petits aéroports, lorsque l’avion atteint le sol, non pas le tarmac, mais je dis bien le sol, la piste quoi, on est quelque peu soulagé et heureux d’être arrivé. L’angoisse disparaît jusqu’au prochain envol.