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Mwanza
23 octobre 2008

les carnets de route de bert (3e partie)

Lundi 22 septembre – 19h32 – Dar es Salaam : nous sommes au 8ème étage du Kempinski hôtel, sans doute le plus luxueux de la ville. L’ambiance est feutrée. Geo a enfin réussi à tirer du fric avec sa Mastercard. Renaud a mis un pantalon, le 1er depuis 20 jours. La vue sur la baie vaut le coup d’oeil. Nous sirotons nos alcools et rêvons de Zanzibar. Le train s’est révélé être une amusante expérience, très colorée aux arrêts, et fort confortable si ce n’est les cafards qui se baladent à côté de votre tête.

Mardi 23 septembre – 23h49 – Matemwe (Zanzibar) : c’est l’heure du cérémonial du pliage de vêtements pour Renaud. Par-dessus mon livre, allongé sur le lit, je l’observe à travers la moustiquaire, fasciné. Comme chaque soir, il se déshabille puis plie minutieusement tous ses vêtements – chemise, pantalon, bermuda, maillot, etc. - en suivant les plis. Il empile ensuite le tout proprement en un petit tas. Parfois il ressort les vêtements qu’il n’a pas mis de son sac pour les plier aussi. J’imagine une scène de torture très perverse dans laquelle je l’attache à une chaise, puis déplie, froisse, roule en boule tout son linge sous ses yeux. Ses chemises me serviraient de papier toilette et ses t-shirts de mouchoirs. Je pense à Marie et Geo dans leur bungalow et me demandent ce qu’ils font.

Mercredi 24 septembre – 11h43 – Matemwe (Zanzibar) : Marie en bikini rouge sort des eaux turquoises de l’océan indien. Elle est sculpturale. Elle traverse la plage, impériale, et revient vers son transat. Nos regards lourds de désir parcourent son corps épanoui tandis qu’elle se cambre en arrière et remet de l’ordre dans sa crinière rousse. Satisfaite, elle reprend place sur sa serviette, sans un regard pour nous, reine de Sabah, insouciante de l’incendie qu’elle a déclenché dans nos esprits fiévreux. Renaud et moi allons faire un jogging sur la plage. Gentiment, Renaud ne me distancie pas directement, et court plus ou moins à mon rythme, 3 mètres devant. Après 30 minutes, nous faisons demi-tour. Renaud ne s’embarrasse plus de scrupules et fonce. Le soleil tape. Il fait suffoquant. Je me rappelle ces lignes : « Sur le sable, la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues. Je marchais lentement vers les rochers et je sentais mon front se gonfler sous le soleil. Toute cette chaleur s’appuyait sur moi et s’opposait à mon avance. Et chaque fois que je sentais son grand souffle chaud sur mon visage, je serrais les dents, je fermais les poings dans mon pantalon, je me tendais tout entier pour triompher du soleil et de cette ivresse opaque qu’il me déversait. A chaque épée de lumière jaillie du sable, d’un coquillage blanchi ou d’un débris de verre, mes mâchoires se crispaient. J’ai marché longtemps. Je voyais de loin la petite masse sombre du rocher entourée d’un halo aveuglant par la lumière et la poussière de mer. Je pensais à la source fraiche derrière le rocher. J’avais envie de retrouver le murmure de son eau, envie de fuir le soleil, l’effort et les pleurs de femme, envie enfin de retrouver l’ombre et son repos » (Albert Camus, L’étranger, Gallimard).

Jeudi 25 septembre – 13h17 – île de Mnemba (Zanzibar) : ils sont là, juste en dessous et à côté du bateau, dans l’eau bleue transparente du lagon. Ils doivent être une dizaine. Ils nous appellent pour venir nager avec eux. Les dauphins. Il ne faut pas traîner, ils n’attendront pas. Geo et Renaud ont déjà plongé. Je suis sur le pont avant et prends mon élan pour sauter à mon tour quand j’entends Marie crier derrière moi : « Bertrand, tu peux m’aider à accrocher mon tuba à mon masque ? ». Misère, elle le fait exprès ou quoi ? J’hésite à faire semblant de ne pas l’avoir entendue et à plonger. Qu’elle aille se faire foutre. Mon éducation chrétienne finit par reprendre le dessus. Je lui attache son p_ de tuba à son p_ de masque et sans plus de manière me jette à l’eau. Les dauphins sont là, juste en dessous de moi, à 4 mètres. Salut les copains.

Samedi 27 septembre – 12h54 – Spice tour (Zanzibar) : nous avons l’air grotesque. Je me demande dans quelle mesure ils ne font pas cela uniquement pour nous ridiculiser. Tandis qu’un guide nous expliquait les différentes épices cultivées sur l’île, un de ses collègues très habile a tissé des couronnes, des lunettes de soleil et des colliers en feuilles de bananiers, que nous avons dû mettre en fin de parcours, pendant la dégustation. Nous ressemblons à Tintin, Tournesol et le Capitaine Haddock dans le « Temple du soleil », dans leur tenue de cérémonie sur le bûcher où ils doivent être sacrifiés au soleil (si mes souvenirs sont bons). La matinée n’est cependant pas perdue : le guide nous confirme que le gingembre est un puissant aphrodisiaque, surtout chez l’homme – son pendant féminin étant le clou de girofle. A bon entendeur…

Lundi 29 septembre – 17h00 – Diamant (Bruxelles) : c’est la fin d’une belle aventure. C’est la fin aussi d’un long voyage. L’avion Addis Abbeba – Bruxelles a été retardé et les passagers ont été dispersés sur différents hôtels où ils passeront la nuit. Nous avons été assignés au « National », sorte de construction soviétique dans la ville. Le dernier atterrissage, à Bruxelles, fut le plus secoué. Heureusement mon icône a fait le nécessaire. Renaud et moi descendons du bus 21. J’étreins Renaud. Il va me manquer ce con.

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Commentaires
L
"Quitter l'aéroport, écourter ces adieux <br /> L'émotion est trop vive et mon cœur bat pour deux <br /> Bientôt de ton hublot, l'île ne sera qu'un point sur l'eau <br /> En partant, tu emportes le meilleur de moi-même <br /> [...]"<br /> <br /> Que nenni, dans mon coeur à jamais la Tanzanie!<br /> <br /> Elle clôt pour ma part et grâce à vous de la plus belle des manières une formidable trilogie - Corée du sud 2006 - Ouzbekistan 2007 - Tanzanie 2008!<br /> <br /> Rendez-vous en 2009 dans le Triangle des Bermudes!<br /> <br /> Bon réveillon zanzibarite à mes 2 bikinis tanganiykains!
C
C'est fini alors?<br /> Oubliée la Tanzanie?<br /> Tiens, non finalement seule Marie est restée la plus vaillante d'entre vous!<br /> Et oui sexy red swimming suit a envie de se frotter aux gorilles cette fois et peut être bien même un nouvel an zanzibarite au programme. C'est pas beau ça?
R
On se chiffonne quand tu veux, Divin M. Vivement la version trash,
L
Célia, beauté solaire, diamant du Victoria, madone de Mwanza, gaie et fraîche comme l’eau d’un lac de montagne au cœur de l’été, merci. Jamais nous n’eûmes faim ou soif. Jamais nous n’eûmes froid. Jamais nous ne fûmes coincés quelque part dans la brousse, sans hôtel ou sans moyen de transport. Cela, on le doit aux 273 coups de fil que tu as donnés, ainsi que les 72 emails envoyés, pour notre unique confort. Que cette expérience africaine te soie bénéfique, riche en rencontres, en bonheurs, en découvertes.<br /> <br /> Cyrille. Nous en avons parlé pendant ce séjour. Tu n’as pas un physique facile, tu es de santé fragile, ta culture générale se limite essentiellement à la Beat Génération et à l’Olympique de Marseille. Reste ta faconde, ton incroyable bagout, ton humour décapant, ton sens de la répartie inégalable et inégalé. C’est ce qui t’a permis de cueillir cette jolie fleur qu’est Célia. Elle le dit elle-même : « Toi tu me fais rire chouchou » (à la pause pendant la promenade dans le Gombe). Et tout est dit. A toi aussi, merci pour les 3 coups de fil que tu as donnés pour l’organisation de ce voyage, pour cette partie de pêche inoubliable (les copains, des chopes, un cadre magnifique, que faut-il de plus ?), pour cette ambiance poilante que tu parviens toujours à créer, pour tes histoires. Prends soin de toi et protège Célia. Et écris ce putain de livre maintenant.
Mwanza
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